URBANITÉS

Photos
Photos exposées à la galerie Point Rouge en avril 2012.


Les photographies d’Eric Laforgue ne se définissent, pas seulement, par le jeu du gigantisme, de la place de l’Homme dans la ville, de la construction des volumes et des aplats de couleurs. Elles ne peuvent se résumer à la dynamique des lignes de fuites, et au choix d’un angle de vue très précis, choisi et établi. Elles sont prises sur le vif, comme une séquence volée, extraite d’un film psyché, d’une « Nouvelle – Nouvelle - Vague » artisitique.
Au-delà de l’image, Eric Laforgue nous construit un imaginaire hors-champs. Nous nous projetons inconsciemment vers cette silhouette de dos qui contemple une œuvre graphique en noir et blanc… Nous nous demandons quelles sont les confidences que ce couple se murmure à l’oreille… Nous aimerions savoir qui attend cet homme, sur les quais d’une gare. Pour quoi sont-ils tous là ? Et nous… Que faisons nous là et que va-t-il se passer si nous rentrons dans l’image, capturés par cet instant de vie ? Spectateur, acteur, voyeur…
Ces instantanés, sont des « Break » dans notre Temps, un temps sans cesse en accélération. L’architecture et les volumes, les courbes et les perspectives en format « XXL » mettent en scène un homme unique et individuel. Un homme qui dans le labyrinthe, de son quotidien, cherche à aller vers l’autre… En gardant toujours un « fil d’Ariane » en version « Tétris », ludique et régressif, à l’esprit, l’œuvre d’Eric Laforgue exprime la Mythologie de notre Modernité : une ambiguïté ayant pour unique but, de nous renvoyer à la notion de réseaux : Sociaux, urbains, virtuels…
Comme dans un puzzle : pièces par pièce, échelles contre échelle, Eric Laforgue nous convie à un parcours tout en lignes de fuites, avec ses pauses et ses mouvements, ou il est toujours question d’accéder, et d’aller vers… D’aller vers l’autre, d’aller dans un mouvement ascensionnel, du petit au grand, du lent vers le rapide, du proche vers le lointain. Une ligne de fuite. Un nouvel horizon. Les volumes s’articulent entre eux.
L’œuvre photographique d’Eric Laforgue, avec sa dimension narrative, et sa logique de construction graphique, en « réseaux », donne vie aux espaces à partir d’un but énoncé : l’humain. Il nous invite à un voyage qui se compose à partir de rythmes, de mesures, d’harmonies, mais aussi de tons, d’accords, d’un crescendo, et parfois de dissonances. Une véritable invitation à se perdre pour mieux se retrouver.

William Arlotti